Pour s’occuper de la « planification écologique » des forêts, le gouvernement n’a trouvé personne de mieux que l’ancien représentant des acteurs économiques de la filière bois, révèle l’association Canopée dans un communiqué publié le 11 avril. Par un décret publié le même jour, l’ancien président de France Bois Forêt (l’organisme qui défend les intérêts des propriétaires, coopératives, pépiniéristes et exploitants de ces écosystèmes), Jean-Michel Servant, a été nommé délégué interministériel aux forêts. « C’est un peu du niveau de la nomination de Rachida Dati à la Culture : c’est détonant », a expliqué au média Contexte le conseiller du domaine de Chantilly et ancien membre de France Nature Environnement, Hervé Le Bouler.
Polytechnicien passé par la Société forestière de la Caisse des dépôts, l’entrepreneuriat et le conseil, Jean-Michel Servant a défendu pendant trois ans les intérêts de la filière bois, retrace Contexte. En tant que président de France Bois Forêt, il a été amené à prendre position sur des sujets qu’il sera amené à traiter dans ses nouvelles fonctions. Il s’était notamment opposé à la proposition de loi de la députée Sophie Panonacle (Renaissance) encadrant les coupes rases.
Cette nomination a fait grincer les dents des écologistes et des défenseurs des forêts. L’association Canopée reproche notamment au nouveau délégué interministériel d’avoir quitté une réunion organisée par le ministère de la Transition écologique, le 6 mars, au motif de sa seule présence. « Une attitude qui interroge pour quelqu’un dont la mission va être de faire du lien entre les différents ministères et de discuter avec l’ensemble des parties prenantes », écrit-elle dans son communiqué.
« Pour nous, ce n’est évidemment pas bon signe », a confié à nos confrères Christophe Chauvin, de France Nature Environnement. En tant que délégué interministériel aux forêts, Jean-Michel Servant devra promouvoir, coordonner et suivre « la mise en œuvre de la planification écologique de la forêt, de la transformation et des usages du bois », assurer le renouvellement forestier, et protéger ces écosystèmes menacés par le changement climatique. « Il est quand même le porte-voix de la filière. Donc, pour s’ouvrir à des visions plus environnementales et écologiques, il faut… un certain talent », selon Christophe Chauvin.